dimanche 8 avril 2007

Le choix François Bayrou ou l'inutilité politique

I) François Bayrou n’est pas un barrage à Nicolas Sarkozy: c’est une impasse politique.

François Bayrou dans une démarche électorale s’est fait le champion du « ni droite ni gauche », or au regard de son parcours personnel mais aussi des positions politiques de son groupe nous constatons qu’il est et demeure un véritable homme de Droite. Comme Nicolas Sarkozy, François Bayrou a été ministre des gouvernements d’Édouard Balladur et d’Alain Juppé. François Bayrou et l’UDF ont voté la quasi-totalité des textes de loi proposée par l’UMP durant cette législature notamment ceux de régression sociale (assurance maladie, droit du travail, loi de finances…)

Au niveau institutionnel. Après avoir longtemps été opposé à un changement institutionnel d’importance, François Bayrou propose désormais une VI° République qui demeure
floue.
Comme Nicolas Sarkozy, il veut un pouvoir présidentiel fort et l’effacement du 1er Ministre. (réforme de l’article 20 de la constitution)
Un gouvernement exécutant les décisions présidentielles
Une dose de proportionnelle qui varie du simple au double et donc peu crédible
Un ralliement tardif au non cumul des mandats

François Bayrou à l’Elysée, la crise assurée :

François Bayrou tient un discours illusoire. Il fait semblant de croire que les Français plébisciteraient une majorité centriste –alors que De Gaulle lui même en 1958 n’avait obtenu que 20 % des suffrages exprimés pour son nouveau parti ?
En fait, la réalité politique de l’UDF, des députés élus par un électorat de droite, ne pourrait amener qu’une assemblée nationale dépendante de l’UMP- les centristes étant minoritaires du fait de l’impossibilité de réformer le mode de scrutin entre le 6 mai et le 1er juin.
Il ne pourrait y avoir qu’un gouvernement viable que de droite alors que, s’il était élu, il ne pourrait l’être qu’avec une grande part de l’électorat de gauche.

Cela serait le contraire de sa proposition centrale (la seule vraiment audible d’ailleurs) de faire un gouvernement d’union nationale dépassant le clivage droite-gauche. Cela serait signer une gigantesque escroquerie électorale.

Après une campagne démagogique, la mise en œuvre de la stratégie Bayrou pourrait avoir comme effet redoutable d’accentuer le fossé entre les citoyens et la politique et, à terme certainement de renforcer les extrêmes.

II) François Bayrou, candidat antisystème de salon

En matière économique et sociale, François Bayrou incarne la continuité dans la précarisation. Dans ce secteur comment être surpris par la forte imprégnation libérale du candidat centriste quand on sait que François Bayrou a été conseillé par Alain Madelin qui « se sent plus proche, sur bon nombre de points, du candidat de l’UDF que de celui de l’UMP. » (le Monde du 23 février 2007).

François Bayrou: Un bilan libéral et des propositions libérales

A- En matière de Service Publics :

Comme l’UMP et N.Sarkozy, François Bayrou et l’UDF ont accéléré le mouvement de la libéralisation et le démantèlement des services publics via
la libéralisation des télécommunications et la privatisation de France Télécom,
la libéralisation totale du secteur de l’énergie,
l’ouverture du capital des opérateurs historiques (EDF et GDF) et leur transformation d’établissement public en société anonyme

B- Les propositions de F Bayrou en matière d’emploi et de politique salariale

François Bayrou se situe dans la continuité de la politique économique et sociale menée par l’UMP depuis 5ans. Il lui arrive même de prendre pour model M Thatcher et R Reagan.

Comme Nicolas Sarkozy qui dit « travailler plus pour gagner plus » F Bayrou propose au salarié le « jeu libre des heures supplémentaires pour gagner plus »
Comme Nicolas Sarkozy et le MEDEF François Bayrou ne parle jamais des 1,5 millions de salariés qui voudraient travailler plus et sont contraints d’accepter des temps partiels. (ces salariés sont pour 80% des femmes)
Comme Nicolas Sarkozy et le MEDEF, François Bayrou veut un contrat de travail unique plus souple pour les employeurs notamment en matière de licenciement. C’est la généralisation de la précarisation du CNE
Comme Nicolas Sarkozy, François Bayrou ne veut pas abroger le CNE (qui n’a que très peu créé d’emploi et qui s’est substitué au CDI)
Comme le veut le MEDEF, François Bayrou veut privilégier la « rupture de contrat par consentement mutuel » ce qui affaiblira les salariés et réduira leur indemnisation en cas de licenciement.
Comme Nicolas Sarkozy et le MEDEF, François Bayrou est opposé à la RTT et entend donc finaliser son démantèlement.
Comme Nicolas Sarkozy, et le MEDEF, François Bayrou n’entend pas augmenter le SMIC.

François Bayrou et l’injustice sociale

François Bayrou là encore se situe dans le credo libéral, où la solidarité avec les plus fragiles réside dans les mots.
Comme Nicolas Sarkozy, François Bayrou veut continuer la politique d’exonération de cotisations aux entreprises (son programme en prévoit pour 8 milliards) sans contrepartie en matière de création ou de sauvegarde de l’emploi. .. La cour des comptes a émis un avis très sévère sur cette logique
François Bayrou veut réduire les impôts et donc continuer à assécher les recettes de l’Etat pour mieux l’affaiblir. Il poursuit donc l’œuvre de précarisation de l’Etat que le RPR et l’UMP se sont toujours attachés à mettre en œuvre.
Comme Nicolas Sarkozy, François Bayrou n’entend pas remettre en cause les niches fiscales qui bénéficient aux plus aisés.
François Bayrou veut élargir l’assiette de l’ISF pour mieux diminuer la contribution des plus riches….

La connivence entre l’UDF et l’UMP durant l’ensemble de cette législature alliée aux similitudes programmatiques des candidats François Bayrou et de Nicolas Sarkozy, démontre à quel point François Bayrou ne constitue pas une alternative crédible au programme de l’UMP et encore moins un barrage contre Nicolas Sarkozy.

François Bayrou incarne bien la version « modérée » du projet de Nicolas Sarkozy au service de son propre intérêt. Il se veut l’incarnation de l’homme providentiel issue des terroirs et de la France éternelle et entretient une image conservatrice de la société française (« la France elle veut qu’on mette les choses à leur place » Conseil national de l’UDF en 2006).



Au mieux « la révolution pacifique » qu’appelle François Bayrou de ses vœux se solderait par une « révolution de palais » et une crise politique forte par une accentuation de la décrédibilisation du politique.

Ainsi « voter François Bayrou » quand on veut rompre avec la logique libérale de l’UMP notamment, quand on veut plus de justice sociale et un vrai changement, est, à tout point de vue, une erreur et une source assurée de désillusions graves.



L’alternative c’est Ségolène Royal qui la propose, la candidate du vrai changement

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