dimanche 13 mai 2007

Conseil national du 12 mai 2007 : intervention de Ségolène Royal


Conseil national du 12 mai 2007 : intervention de Ségolène Royal
Je dirai simplement quelques mots pour dire aussi que tous ces applaudissements sont destinés aussi à tous les militants, les citoyens qui se sont formidablement mobilisés au cours de cette belle campagne.
Vous dire aussi la fierté d’avoir conduit cette campagne, désignée par 60 % des militants socialistes, je voudrais souligner la très forte mobilisation dans les fédérations, la mobilisation des militants, bien sûr, mais aussi celles des partis alliés qui nous ont rejoints, qui nous ont soutenus dans cette campagne, tous les élus qui ont également été en première ligne de ce combat. Nous avons vu des salles pleines à craquer, des citoyens enthousiastes, des citoyens mobilisés, et aujourd’hui c’est une force qui s’est levée, même si le combat ne s’est pas terminé comme nous l’aurions souhaité. C’est une force qui s’est levée de 17 millions de voix.


Et je pense, je le vois, vous le voyez aussi sur vos territoires, ce vote contient des perspectives d’avenir, ce vote contient un élan. On sent, à la fois bien sûr une tristesse, et j’y reviendrai, même parfois plus, et en particulier dans les quartiers populaires, mais on sent également une fierté très forte et une volonté de continuer. Il n’y a pas d’abattement, il y a une fierté dans ce qui a été réalisé, dans ce qui a été dit, dans ce qui a été porté au cours de cette campagne, dans ce qui a été réalisé, à l’exemple de ces images de meetings extraordinaires, dans ces images de Charléty par exemple, mais aussi partout dans les régions dans lesquelles vous êtes et dans lesquelles vous êtes mobilisés.
Moi, je veux aujourd’hui surtout retenir cette fierté-là parce que c’est sur ce socle-là que nous allons pouvoir construire le mouvement des élections législatives. Les valeurs fondamentales étaient là, les problèmes étaient bien identifiés, la question de la vie chère et des bas salaires, la question du chômage et des délocalisations, notamment le chômage des jeunes, la question de la précarité qui était au centre de notre campagne, les questions aussi liées à la sécurité, aux sécurités au sens large, avec le besoin que ressentent les Français d’avoir une clarification des règles du jeu, ce que j’ai appelé l’ordre juste. La question du refus de l’assistanat pour les tout petit salariés, pour les travailleurs pauvres. Et, cette question aussi, nous devons continuer à y travailler, les peurs aussi, les peurs des délocalisations, les peurs des personnes âgées face au déficit de tous les régimes de retraite et de santé. Bref, les questions sont là, les questions aussi que nous avons abordées sur la République, sur la nation, sur l’identité. Nous l’avions fait il y a déjà deux ans, donc ces questions-là qui ont parfois été recaptées, raptées parfois par la droite en étant déformées, nous devons continuer à y travailler et à les clarifier.
Je pense aussi à la question de la valeur travail, dont j’ai été une des premières à la mettre en avant dans ce débat. Tous ces sujets continuent à tarauder les Français, ils vont donc à nouveau émerger au cours de la campagne des élections législatives. Et tout ce travail qui a été accompli par le Parti socialiste, par le mouvement aussi de rassemblement au cours des échéances de la campagne présidentielle devra rapidement déboucher et être clarifié. Et c’est le rôle aussi de ce Conseil national et des présentations qui seront faites tout à l’heure.
Je voudrais ici dire très simplement que j’entends ici ou là des interprétations de la défaite, certaines justes, bien sûr, d’autres dérisoires, et d’autres inutilement blessantes, mais je crois qu’aujourd’hui le temps n’est pas aux polémiques. Je dirai pour ma part ce que j’en pense après les élections législatives. Car je crois que, d’ici là, nous devons rester unis et nous avons entre les mains ce talisman que j’évoquais tout à l’heure de la fierté et de la volonté de 17 millions d’électeurs qui attendent de nous que nous redéclenchions, pour les élections législatives, un mouvement d’unité, de fraternité, de solidarité, un élan qui nous permettra d’envoyer à l’Assemblée nationale le plus grand nombre possible de parlementaires ; parce que c’est le fonctionnement de la démocratie qui est en jeu, c’est l’émergence d’un contrepouvoir par rapport à une droite dure qui a fait la jonction avec l’extrême droite, donc il y a une attente extrêmement forte à notre égard. Et, pour ma part, ce que je crois, c’est que nous devons mobiliser les énergies positives qui ont émergé au cours de cette campagne, et nous devons les transformer positivement au cours de cet élan des élections législatives. La campagne sera conduite par le Premier secrétaire. J’y prendrai bien évidemment toute ma place en tant que candidate à l’élection présidentielle, je suis disponible pour venir faire des réunions sur le territoire, d’autant plus que je ne suis pas candidate. Je ne sais pas candidate parce que je m’applique à moi-même une des règles du pacte présidentiel du non-cumul des mandats, mais je conçois que cette règle ne soit pas suivie par tous puisque la loi ne l’impose pas aujourd’hui, donc je ne l’impose pas comme modèle, mais il me semble élémentaire, par rapport à ce que j’ai dit en tant que candidate à l’élection présidentielle, et portant une rénovation sur ce que nous avons appelé ensemble la république nouvelle, la VIe République, la modification des formes de l’exercice de la politique et en particulier la réforme des institutions au sein de laquelle nous avions inscrit ensemble, dans le projet socialiste, le non-cumul des mandats, il me semble que la politique par la preuve, qui m’est chère, est que le non-écart entre le discours et les actes soit appliqué.
Pour la suite, je ne sais pas si, ce qui compte, c’est de savoir s’il faut être plus ou moins à gauche. Vaut mieux être à gauche de toute façon, mais je crois que la question, et je pense qu’il ne faudrait pas qu’il y ait des conflits, de débats inutiles sur cette question-là, qui pourraient entraîner des difficultés ou freiner le mouvement positif, essentiel, indispensable, pour gagner le plus grand nombre de circonscriptions.
Je crois que la question, pour nous socialistes, c’est d’être vrais et de réaliser, d’incarner le socialisme du réel, c’est ensuite d’être cohérents, et j’allais dire disciplinés, même si ce n’est pas un mot fréquemment utilisé parmi les socialistes. Et je pense que pour l’avenir, sans anticiper les échéances, il est clair qu’il faudra réformer notre calendrier. D’abord, que le projet pour l’élection présidentielle ne soit pas fait avant, mais après la désignation de notre candidat ou de notre candidate pour qu’il y ait une cohérence. Ensuite, il faudra que le processus de désignation interne ne soit pas situé aussi près du combat principal et ne pas laisser un certain nombre de séquelles ou d’utilisations du combat interne utilisées par la droite. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler, et d’en reparler sereinement, y compris dans la part que j’ai prise dans ce résultat qui n’est pas à la hauteur de ce que nous espérions. L’heure est maintenant à la mobilisation. Et je voudrais simplement souligner aussi un autre élément de fierté : nous avons reconquis le vote populaire, et notamment le vote ouvrier, 54 %. Nous avons fait venir vers la citoyenneté des jeunes, des jeunes très nombreux qui sont venus s’inscrire et qui ont voté pour nous, et notamment les jeunes des quartiers. Il y a des résultats qui sont sans appel, sans commentaire : Vaulx-en-Velin : 63 %, La Paillade : 65 %, Le Mirail à Toulouse : 70 %, les quartiers Nord de Marseille : 70 %, Aubervilliers : 61 %, Saint-Denis : 67 %, Trappes : 70 %, Bobigny : 66 %. Merci à ces jeunes, à leur élan citoyen, et nous savons aussi leur déception, leur désarroi, leur profonde tristesse.
Je pense que l’une de nos responsabilités, pour que ces jeunes continuent à venir voter, et continuent à s’inscrire dans cet élan citoyen, notre responsabilité, c’est de leur offrir des perspectives, c’est sans doute de repenser les formes de militantisme dans les quartiers, c’est d’y conduire avec eux, et non pas à leur place, des actions concrètes. Et nous pouvons le faire avec les collectivités territoriales, je pense en particulier aux emplois tremplins, je pense à toutes les formes de soutien, de solidarité, d’aide scolaire que nous devons aujourd’hui relayer et mettre en place, et prolonger par rapport à ce que nous avons dit dans le pacte présidentiel au niveau des Régions, des Départements, des communes. Je vois ici ou là déjà des élus qui se mobilisent et qui se demandent comment nous allons répondre à cette immense attente de citoyenneté et d’engagement des jeunes dans les quartiers, qui nous ont fait confiance et qui constituent une partie, non pas un problème comme de l’ai dit souvent dans cette campagne, mais une grande partie de la solution aux problèmes qui se posent aujourd’hui en France, et en particulier au regard de la consolidation du pacte républicain.
Et donc cette mobilisation-là, je crois que c’est le cœur de notre réflexion. Les catégories précaires, les milieux populaires, mais aussi les classes moyennes, qui attendent de nous que nous restions debout, que nous restions fiers, que nous restions imaginatifs, que nous restions forts sur nos valeurs qui finiront par l’emporter.

Merci de votre engagement.

mercredi 9 mai 2007

La croisière de Nicolas Sarkozy à bord d'un yacht luxueux suscite de vives critiques à gauche


Forme d'arrogance et même d'insulte", "faute de goût", "loisirs sponsorisés", "vacances de milliardaire" : l'escapade familiale du président élu Nicolas Sarkozy au large de Malte à bord d'un yacht luxueux a suscité, mardi 8 mai, un début de polémique. Le yacht sur lequel Nicolas Sarkozy a embarqué lundi avec sa femme Cécilia et son fils Louis pour une croisière appartient, selon le site Internet du magazine Capital, à l'homme d'affaires français Vincent Bolloré. Le Falcon 900 à bord duquel M. Sarkozy et sa famille avaient quitté Paris pour Malte appartiendrait également à M. Bolloré.
"Ce qui pose un problème, c'est le style de ces vacances, le fait qu'il soit sur le bateau d'un riche hommes d'affaires et qu'on ne sache pas aujourd'hui si c'est la République qui assure le défraiement de ce déplacement", s'est indigné M. Hollande.
"Est-il normal qu'un futur président fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages fortunés qui ont tout à gagner des bonnes grâces du pouvoir ?", s'est interrogé le député PS Jean-Marie Le Guen, évoquant la "jubilation ostentatoire" de Nicolas Sarkozy.

"C'EST LE PRÉSIDENT DU CAC 40"
Le porte-parole de campagne de Ségolène Royal, Vincent Peillon, a été tout aussi rude, dénonçant "une forme d'arrogance et même d'insulte", "une faute de goût" et une attitude "indécente". "M. Sarkozy semble être assisté mais par les milliardaires", a ironisé M. Peillon, pour qui "on n'a jamais vu, à ce point, quelqu'un qui affiche de façon très provocatrice le goût de l'argent et sa proximité avec les milieux d'affaires, à peine élu".
"C'est un signal désastreux donné au pays, notamment auprès des 53 % des Français qui gagnent moins de 800 euros et qui ont voté pour lui", a déclaré Patrick Menucci, ancien directeur adjoint de campagne de Ségolène Royal. "C'est un signal désastreux donné à des gens qui sont dans la précarité", a ajouté le conseiller municipal de Marseille, qui est aussi secrétaire national du PS. "Je trouve que c'est un très mauvais départ en étant sur le yacht d'une personnalité du CAC 40. Il confirme ainsi qu'il est le président du CAC 40", a jugé M. Menucci.
Même son de cloche du côté du sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon : "On était prévenu. M. Sarkozy n'a jamais dit qu'il serait le président des petits pauvres. C'est le président du CAC 40."
Pour sa part, le PCF a qualifié de "très inquiétant" le "lien direct" entre Nicolas Sarkozy et "les milieux d'affaires". "Le premier acte de Nicolas Sarkozy une fois élu est de s'afficher dans le luxe qui lui est offert par les plus grandes fortunes d'Europe", a déclaré le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, dans un communiqué. "De ce que nous connaissons de l'homme, cela n'a rien d'étonnant", pousuit-il, mais "du nouveau président de la République, c'est très inquiétant". "C'est ni plus ni moins que l'affirmation et même la revendication d'un lien direct entre la plus haute fonction de l'Etat et les milieux d'affaires."
Le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges a estimé, de son côté, sur France Info, que le choix de Nicolas Sarkozy relevait d'un "luxe inutilement ostentatoire".

"IL N'Y A PAS DE QUOI EN FAIRE TOUT UN PLAT"
"Il s'agit tout simplement de quelques jours de vacances privées et il n'y a pas de quoi en faire tout un plat", a répliqué le trésorier de l'UMP, Eric Woerth, accusant les socialistes d'être "maîtres en insinuations, mises en cause et insultes". Pour M. Woerth, il est "un peu scandaleux d'en faire autant sur ce sujet". "Tout ça va vite se calmer, croyez-moi", a-t-il dit.

Même sentiment pour Thierry Saussez, spécialiste de la communication politique et proche de M. Sarkozy. Pour lui, "l'opinion publique attend d'un président de la République qu'il s'occupe des problèmes des Français (...), pas qu'il aille travailler pendant une semaine dans une usine pour montrer qu'il connaît les problèmes des ouvriers". "L'attente de l'opinion publique, c'est pas qu'on se cache", a-t-il dit, soulignant qu'un président élu "a besoin de couper complètement". "Il va sur le yacht d'un pote passer quarante-huit heures et après il va se mettre à bosser après une épreuve physique, intellectuelle, morale tout à fait considérable. Ce n'est pas un événement", a conclu M. Saussez sur France-Inter.

mardi 8 mai 2007

Sarkozy, le cauchemar des Africains

Selon le journal Le Bénin aujourd'hui, la victoire de Nicolas Sarkozy est une déception pour les Africains. Pas seulement en raison de sa politique en matière d'immigration. Sa personnalité inquiète aussi.


Il le désirait ardemment, de manière apparemment obsessionnelle et il l'a eu : le pouvoir suprême. Le second tour de la présidentielle a consacré Nicolas Sarkozy à la tête de la France. Entre la gauche et la droite, les Français ont donc choisi dans leur majorité de rester à droite. Après deux mandats consécutifs de la droite sous la présidence de Jacques Chirac, Sarkozy n'avait pas, a priori, la tâche aisée pour convaincre de la continuité, mais dans le changement. Il lui aura fallu, pour ce faire, ses talents personnels et l'appui de la majorité de l'UMP.
Sarkozy a promis de faire entrer les Français dans une France où tout devient possible : une France où l'immigration sera choisie, où le cap sera maintenu quant à la sécurité sociale, où les citoyens pourront travailler plus de 35 heures, où l'économie sera relancée, où le chômage sera résorbé, où seuls les compétences et le mérite auront droit de cité dans la promotion des Françaises et des Français, où les dirigeants devront rendre des comptes... Bref, une nouvelle France qui rompt avec l'immobilisme pour "faire marcher ce qui ne marche pas", pour emprunter l'une de ses expressions.

Comme on a pu le constater par les sujets qui ont été au centre de la campagne électorale et le grand débat de l'entre-deux tours, les Français sont inquiets du présent et de l'avenir de leur pays. C'est le moins que l'on puisse dire. Et ils ont cru devoir trouver à travers les réponses de Sarkozy plus d'assurances que chez Royal sur les questionnements qui sont les leurs. Soit.


UNE ASCENSION POLITIQUE CONTRE VENTS ET MARÉES

L'élection de Sarkozy à la magistrature suprême n'enlève en rien le mérite de son challenger socialiste Ségolène Royal. Bien au contraire. Elle est la preuve éloquente que ce n'est pas seulement sous nos tropiques que le conservatisme a la vie dure. Première femme française à avoir accédé à ce niveau de la compétition politique, elle apparaît comme la victime expiatoire de la France qui a peur d'être Présidente. Elle a démontré, et pendant les primaires au sein de son parti et pendant la campagne électorale à proprement parler, qu'elle était bel et bien à la hauteur de la charge pour laquelle elle a sollicité les suffrages des Français. En affrontant le nouveau président de la République qu'elle a même mis en difficulté et en faisant montre de beaucoup de talents politiques lors du débat radiotélévisé. Et la logique du jeu aurait voulu que, mis à part la personnalité et les grandes promesses de Sarkozy, la droite paye les conséquences de sa politique de ses dernières années.

L'élection de Nicolas Sarkozy est le couronnement d'une ascension politique contre vents et marées d'un homme qui a promis aux Français que tout ce qu'il dit, il le fera. Comme pour rappeler qu'il est l'homme de la rupture et que pour lui les promesses n'engagent pas ceux qui y croient, mais plutôt ceux qui les font. Nouvelle morale politique ou simple maoeuvre de campagne ? La fin de son mandat nous édifiera.

Nicolas Sarkozy président, les Africains s'accommoderont avec le choix des Français. Même s'ils préfèrent Royal. Cette préférence des Africains pour Royal ne résulte pas uniquement de la position du nouveau président élu sur l'immigration. Elle procède aussi du fait de ses convictions politiques, voire de sa personnalité qui laisse soupçonner un certain relent de condescendance. Et c'est justement cette condescendance que les nouvelles élites africaines veulent voir gommée dorénavant des relations entre les dirigeants occidentaux et ceux de leur continent. Pour qu'enfin, le paternalisme cède la place à un partenariat réciproquement fécond et bénéfique. Vivement que Sarkozy le comprenne, et il aura ainsi fait un pas vers cette nouvelle Afrique-là.

Hommage de Bernard-Henri Lévy à Ségolène Royal

Hommage à Ségolène Royal

Eh bien oui.

Au risque de surprendre, je pense que Ségolène Royal a fait une bonne campagne.

Elle a perdu, c’est entendu.

Et perdu plus lourdement que ne le donnaient à penser, ces derniers mois, les prévisions.

Mais elle a perdu pour des raisons que l’on commence à bien cerner et dont je prétends, moi, qu’elles sont à son honneur.

Elle a été diabolisée, d’abord. On a beaucoup parlé - et on avait raison - de la tentative de diabolisation dont fut victime son adversaire. Mais autrement plus insidieuse, donc plus ruineuse, fut la diabolisation qui l’a poursuivie, elle, depuis ses premiers pas. Incompétente quand elle la fermait ; agressive quand elle l’ouvrait… N’ayant rien à dire quand elle prenait le temps d’écouter ses électeurs ; scandaleuse quand elle rompait le silence (les 35 heures) ou brisait les orthodoxies (ses prises de position, si courageuses, sur le nucléaire iranien ou le Darfour)… Bécassine, enfin, avant son débat avec Sarkozy ; Cruella après et, surtout, pendant - quand elle a commis le crime de lèse future majesté de l’interrompre, interpeller, ne rien laisser passer, le mettre dans les cordes… Ce n’est plus une femme, gronda la rumeur, c’est une sorcière. Ce n’était plus la douce, la maternelle Ségolène, c’était un bretteur, une tueuse - voyez ces yeux minces où passent des épées de feu ; entendez cette voix de mauvaise sirène, une octave trop haut, si dure… Ah l’increvable misogynie des Français et souvent, malheureusement, des Françaises ! J’ai aimé, moi, cette dernière image dans ce dernier débat. J’ai aimé la stature qu’elle a prise à cet instant - et la belle droiture qui émanait de son regard et de son port. Elle honorait la gauche, cette droiture. Et elle honorait la France.

Elle a livré bataille, deuxièmement, à un moment d’inflexion, mais encore, hélas, de suspens, où il devenait clair que la vieille stratégie d’union des gauches n’avait plus de chance de l’emporter mais où la nouvelle stratégie d’alliance avec le centre restait trop insolite, inédite, bref, révolutionnaire, pour passer le cap des hypothèses et retourner, réellement, les esprits. Madame Royal a dit les mots qu’il fallait dire. Elle a fait les gestes qu’il fallait faire. Peut-être, d’ailleurs, le grand débat de la campagne, celui qui restera, celui qui fit bouger les lignes en même temps que, au passage, les liturgies cathodiques, fut-il ce débat avec Bayrou dont elle a pris l’initiative et qui ouvrait, on le verra maintenant très vite, un vrai nouveau chapitre de l‘histoire politique française. Mais voilà… Il était trop tôt... On a dit, ici ou là, qu’il était trop tard, que c’est avant qu’il fallait le dire, avant qu’il fallait le faire, etc. Non, voyons. Le contraire. Il était trop tôt dans le siècle. Trop tôt dans l’histoire du pays. Sauf que c’est elle, Madame Royal, qui, trop tôt ou trop tard, l’aura fait. Sauf que, ce big bang rêvé par les uns, annoncé par les autres, c’est elle, et personne d’autre, qui l’aura osé et déclenché. Pour cela, elle restera. Pour cela, même si elle a perdu, elle a gagné.

Et puis il faut bien reconnaitre, enfin, que Nicolas Sarkozy a été bon. Vraiment bon. Je veux dire par là qu’il a su surfer, avec un mélange de talent et de cynisme non moins remarquables l’un que l’autre, sur une vague de fond dont il semble que tout le monde ait, à part lui, sous-estimé la terrible puissance. Qui, parmi les commentateurs, avait-il prévu que l’éloge d’une France qui n’a jamais commis, sic, de crime contre l’humanité puisse faire recette à ce point, douze ans après les paroles de Jacques Chirac reconnaissant, au Vel d’Hiv, notre participation au crime nazi ? Qui imaginait de tels hurlements de joie et, au fond, de soulagement, chaque fois que fut dit et redit, de meeting en meeting, que la France ex-coloniale n’était coupable de rien, qu’elle n’était en dette vis-à-vis de personne et qu’elle devait être fière, au contraire, de son œuvre civilisatrice ? Qui, encore, pouvait deviner que le traumatisme de Mai 68 fût resté si vif dans les esprits que l’appel répété à « liquider » - quel mot ! – l’héritage du « parti des voyous et des casseurs » puisse faire jaillir, lui aussi, de tels geysers de fiel, de joie triste et de ressentiment ? Madame Royal a résisté à ce discours. Fidèle à la ligne tenue, sur ces sujets, peu ou prou, par nos deux derniers Présidents, elle a tenté d’endiguer ce flot de haine et de rancune. Et, de cela aussi, je lui sais gré.

Je ne parle pas - car seul le mauvais esprit gaulois en a douté - du sang-froid dont elle a fait montre, d’un bout à l’autre de l’aventure.

Je n’insiste pas - encore que le fait fût unique dans notre histoire électorale - sur la double bataille qu’il lui a fallu mener : l’une, publique, contre son adversaire; l’autre, secrète, contre les siens.

Et je n’évoque que pour mémoire, enfin, le ton et, comme dit un poète qu’elle affectionne, le « frisson nouveau » qu’elle a fait passer dans cette vieille musique socialiste qui n’en finissait pas de mourir et qui n’attendait, peut-être, que ce salutaire coup de grâce.

Tout cela, elle l’a fait. Et il faut espérer que s’en souviennent ceux qui, à partir de ce lundi matin, vont être tentés de se livrer au petit jeu de la chasse à la sorcière ou de la production de la chèvre émissaire.

Ségolène Royal est loin d’avoir dit son dernier mot – et c’est tant mieux.

Ségolène Royal engage une offensive pour s'assurer le leadership du PS


PARIS (AFP) - Une bataille est engagée entre Ségolène Royal et d'autres ténors du PS pour s'assurer le leadership sur le parti, fixer les contours de sa refondation et trancher la question d'éventuelles alliances au lendemain de la lourde défaite à l'élection présidentielle.

Néanmoins les hostilités ne seront pas ouvertes lors du bureau national du PS mardi soir, le premier secrétaire du PS, François Hollande s'étant efforcé de calmer le jeu en proposant un fonctionnement "collectif" de la conduite de la campagne législative.
Ce dispositif "donnera une place à Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ainsi qu'à d'autres", selon plusieurs responsables socialistes.

Dès dimanche 20H00, Ségolène Royal a cherché à prendre la direction des opérations et à se poser en architecte d'une nouvelle maison de la gauche, affirmant que dans sa campagne "quelque chose s'est passé qui ne s'arrêtera pas". "Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles".
"Si on gagne, on ne s'arrête pas, si on ne gagne pas, on continue", avait confié Mme Royal à quelques journalistes, dimanche à Melle.
En dépit du score le plus bas depuis 1965 au second tour d'une présidentielle, pour un socialiste, ses partisans font bloc. "La gauche a désormais une grande dirigeante", a déclaré le porte-parole du PS Julien Dray.
François Rebsamen, co-directeur de campagne de la candidate, a préconisé "une rénovation idéologique profonde, pour prendre le virage amorcé par Ségolène Royal". De son côté M. Hollande a jugé devant le BN qu'une "refondation, une reconstruction" quel que soit le nom utilisé, était "nécessaire".
Pour les législatives, le PS devra trancher la question d'une alliance éventuelle avec le "Mouvement démocrate" que veut créer François Bayrou. Mme Royal en est partisane sur le principe, d'où sa déclaration sur le dépassement "des frontières actuelles" de la gauche.
Les jospinistes et la gauche du parti y sont résolument hostiles. "On n'a pas vocation à aider à la création du Mouvement démocrate", souligne Harlem Désir (jospiniste). Strauss-kahniens et fabiusiens attendent de voir la plate-forme programmatique du parti de M. Bayrou. Ils soulignent que "la refondation idéologique du PS ne doit pas être subordonnée à la question des alliances".

L'offensive "royaliste" n'est pas du goût de tous. "L'objectif était de conquérir l'Elysée, ce n'était pas de marcher sur Solferino", siège du PS, a glissé Laurent Fabius.
Le leadership de Mme Royal "ne coule pas de source", estime le strauss-kahnien Laurent Baumel. "On ne peut pas interpréter un score de 47% comme une étape encourageante vers de futurs succès", ajoute-t-il.

"Personne n'est en situation de se proclamer leader", renchérit Harlem Désir, qui juge "déplacée" l'attitude de Mme Royal.
Pour tous ceux-là, les socialistes doivent "serrer les rangs" pour aborder au mieux les élections législatives. "Rester unis", a déclaré lundi la battue du 6 mai.

M. Hollande a averti qu'il "ne tolérerait" aucun "règlement de comptes" au PS. Il entend rester en fonction, assurant que "(sa) responsabilité c'est d'amener tout le monde dans cette bataille" des législatives. Mais il est affaibli par l'échec de Ségolène Royal, sa compagne.

Dominique Strauss-Kahn a ainsi porté un jugement "sévère" sur "le fonctionnement du parti socialiste depuis cinq ans".

lundi 7 mai 2007

Premier bilan de la présidence Sarkozy: 730 voitures brûlées, 592 interpellations


18 heures: Alain Juppé, ex-meilleur ennemi de Nicolas Sarkozy, «n'écarte pas, sur le plan des principes» l'idée de participer au futur gouvernement, sans préciser à quel poste. Sarkozy médite son gouvernement

17 h 15: 730 voitures ont été brûlées en France métropolitaine au cours de la nuit de dimanche à lundi et 592 personnes ont été interpellées, selon un nouveau bilan de la direction générale de la police nationale (DGPN).

17 heures: Quelque 200 lycéens se sont regroupés lundi après-midi dans le centre-ville de Lyon pour protester contre l'élection de Nicolas Sarkozy. Des actes de dégradation ont été observés en marge de la manifestation sur des poubelles et des panneaux d'affichage politique, provoquant deux interpellations, dont celle d'un mineur de 17 ans. Plusieurs dizaines de lycéens se sont ensuite rendus devant l'Université Lyon-II, le long du Rhône, pour inciter les étudiants à les rejoindre.

17 heures: Deux petites assemblées générales (AG) étudiantes se sont tenues lundi à Paris à la Sorbonne et au site de Tolbiac (Paris I), pour lancer une mobilisation contre le projet de réforme de l'université du président élu Nicolas Sarkozy. Le projet Sarkozy: Plus d'autonomie aux universités

16 h 45: Les permanences du sénateur UMP d'Ile-de-France, Roger Karoutchi, à Nanterre (Hauts-de-Seine), et de Thierry Meignen, conseiller municipal UMP du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), ont été vandalisées dans la nuit de dimanche à lundi, annoncent les deux élus.

16 heures: Quelque 300 jeunes, la plupart lycéens, se sont rassemblés en début d'après-midi place de la Bastille et sont partis en direction de Nation pour protester contre l'élection de Nicolas Sarkozy. En l'absence de forces de l'ordre, ils ont, brièvement et par endroits, interrompu la circulation, plaçant des barrières métalliques en travers des voies ou s'asseyant sur la chaussée. Aux cris de «Sarko, facho, le peuple aura ta peau !» ou «Sarko, racaille, il faut que tu t'en ailles !», ils ont fait le tour de la place avant de s'engager dans la rue du faubourg Saint-Antoine, demandant aux automobilistes de klaxonner pour montrer leur hostilité envers le président élu. Ils avaient auparavant déployé, sur les marches de l'opéra Bastille, une banderole bleu-blanc-rouge portant l'inscription «Résistance à Sarko».
15 h 00: Eric Besson, député socialiste de la Drôme, ancien secrétaire national à l'économie du PS, rallié à Nicolas Sarkozy, ne se présentera pas aux législatives sous se nouvelles couleurs politiques. «J'aurais pu me présenter comme "non inscrit", dans le cadre de la future majorité présidentielle, et être réélu dans ma circonscription. Mais je trouve que ça serait un peu indécent. Il y a des élus et des militants qui m'ont aidé pendant 15 ans. Je ne me présenterai pas contre eux», explique-t-il.

13h46: Ségolène Royal exhorte les socialistes à rester unis dans la perspective des prochaines échéances électorales. «l faut continuer, travailler, reprendre les choses et surtout il faut rester unis. Restez unis!», a déclaré l'ex-candidate socialiste à la présidentielle à son arrivée à son siège de campagne, boulevard Saint-Germain.

14h13: La CGT dit qu'elle «respecte le résultat du suffrage universel» mais insiste sur l'importance de "la démocratie sociale" qui "doit tenir toute sa place" dans les années à venir.

12 h 50 : Nicolas Sarkozy est «parti pour deux-trois jours» lundi à la mi-journée, annonce son entourage. Le président élu, sa femme Cécilia et leur fils Louis ont été vus lundi peu avant midi quittant l'hôtel Fouquet's, avenue George-V à Paris (VIIIè), rapporte un photographe de l'AFP. Ils sont ensuite partis, à bord de deux voitures différentes, pour une destination inconnue. Les motos des photographes de presse ont été empêchées par les forces de l'ordre de suivre les véhicules. Sarkozy avait fait part avant le second tour de son intention de prendre cette période de «retraite» pour «habiter la fonction, prendre la mesure de la gravité».
12 h 45: Xavier Bertrand, porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, assure «tous les engagements seront tenus» et confirme que les premières mesures législatives seront prises «dès l'été» en citant par exemple «le service minimum dans les transports, la réforme des régimes spéciaux». Priorité à dix chantiers
Midi: Le porte-parole de l'UMP Luc Chatel indique que l'équipe de Nicolas Sarkozy travaille sur l'idée d'un «pacte présidentiel» pour les législatives sur lequel se retrouveraient ceux qui l'ont soutenu «à l'UMP et parmi d'autres sensibilités».

Midi : Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Unsa-Education, deuxième fédération du monde éducatif, «souhaite qu'il y ait des signes de faire vivre le dialogue social» en rappelant que les organisations syndicales ont été «échaudées dans les années précédentes de la volonté (du gouvernement) de contourner les organisations syndicales». «Le nouveau président Nicolas Sarkozy souhaite mettre en oeuvre rapidement ses engagements. Certains, s'ils ne sont pas atténués, risquent de porter atteinte au service public d'éducation».

11 h 50 : Environ 70 véhicules, selon la police, une centaine, selon les pompiers, ont été incendiés dans la nuit de dimanche à lundi dans le département du Nord lors d'incidents qui ont suivi l'annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy. Une soixantaine d'interpellations ont eu lieu, et une quinzaine de personnes étaient encore en garde à vue lundi vers 11 h 30, selon la Direction départementale de la sécurité publique.
11 h 40 : La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) félicite Nicolas Sarkozy pour son élection, et espère «que se concrétisent rapidement les mesures annoncées» sur le temps de travail et la baisse des charges sociales.

11 h 35 : Environ 200 véhicules ont brûlé en Rhône-Alpes, dont plusieurs bus et des camions-poubelles, au cours des incidents qui ont émaillé la soirée électorale selon un bilan des pompiers et de la police. A Lyon, où des échauffourées ont opposé manifestants anti-Sarkozy et forces de l'ordre jusqu'à 2 heures du matin, faisant une dizaine de blessés parmi les policiers et trois parmi les manifestants, 52 voitures ont brûlé. Plusieurs vitrines, du mobilier urbain et un bungalow de vente immobilière ont été visés.
11 h 30: La chancelière allemande chrétienne-démocrate Angela Merkel dit avoir téléphoné lundi matin à Nicolas Sarkozy qu'elle a félicité pour «sa formidable victoire électorale». «Nous nous sommes entretenus sur le fait que nous allons poursuivre la coopération franco-allemande, l'intensifier, et j'ai souhaité beaucoup de succès à Nicolas Sarkozy dans sa mission», a affirmé Merkel.

11 h 25: Les taliban afghans qui détiennent en otage le Français Eric Damfreville repoussent une nouvelle fois leur ultimatum pour, affirment-ils, donner un répit supplémentaire au président élu. «Comme un nouveau gouvernement doit être formé et qu'il doit s'occuper de problèmes intérieurs immédiats, nous lui donnons plus de temps», a expliqué leur porte-parole.
11 h 15 : Trente-cinq voitures ont été brûlées et soixante-dix-neuf personnes ont été interpellées à Paris lors des incidents qui ont émaillés la soirée de dimanche selon un bilan communiqué par la préfecture de Police. On déplore aussi la destruction par flammes de 13 poubelles. Trente-trois membres des forces de l'ordre ont été blessés lors des incidents.

11 heures: le Réseau Education sans Frontières (RESF) appelle lundi dans un communiqué intitulé «Sarkozy élu, le combat continue», à poursuivre «toutes les actions pour empêcher l'expulsion des familles et des jeunes sans-papiers scolarisés». Il demande aussi «la régularisation de toutes ces familles et de ces jeunes gens et s'élève contre les poursuites engagées contre un certain nombre de militants rendus coupables du délit de solidarité. M. Sarkozy ne saurait considérer que son score lui vaut autorisation de pratiquer la chasse sans frein aux familles sans papiers, aux enfants et aux jeunes majeurs», ajoute le réseau.
10 h 50: L'élection de Nicolas «dont chacun doit prendre acte et tirer les leçons, est lourde de conséquences mais ne clôture pas la séquence démocratique de ce printemps», assure dans un communiqué la Ligue des droits de l'homme (LDH) qui «souhaite que les citoyens restent mobilisés, notamment lors du prochain rendez-vous civique que sont les élections législatives, pour refuser l'aggravation de la régression des libertés et des droits sociaux, de la précarisation, de l'exclusion et de la stigmatisation d'une part importante de la population résidant en France».

10 h 40 : Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF), créé en 2006 et qui prône un islam modéré, présente ses félicitations «les plus chaleureuses»au vainqueur de la présidentielle et «formule le voeu que la nouvelle ère qui s'ouvre soit emprunte de concorde civile et de respect mutuel entre les différentes composantes de la nation française». Le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur s'est «réjoui» dimanche soir de la victoire de Sarkozy. Un sondage sorti des urnes du premier tour de la présidentielle le 22 avril réalisé par l'institut CSA-CISCO pour La Croix indiquait que 64 % des musulmans avaient voté très majoritairement pour Ségolène Royal (64 %) contre seulement 1 % pour Nicolas Sarkozy.

10 h 30: La radio publique polonaise annonce qu'un de ses techniciens a été légèrement blessé lors des heurts qui ont éclaté dimanche soir place de la Bastille. Le journaliste Michal Nogal raconte: «Des groupes de jeunes ont attaqué avec des objets métalliques, bouteilles et casques de motards une voiture de transmission de Polskie Radio qui stationnait Place de la Bastille. Ils ont cassé les vitres de la voiture et attaqué les deux techniciens qui s'y trouvaient. L'un d'eux a été frappé avec une bouteille. La police a attendu longtemps avant de réagir. Des policiers en civils nous ont aidés seulement quand la situation est devenue dangereuse pour nos techniciens.»

10 h 00: Ouf ! La Bourse de Paris est stable lundi matin, le CAC 40 gagnant 0,03% au lendemain de la victoire de Sarkozy que les investisseurs avaient en partie anticipé. A 9 h 45, l'indice parisien prenait 1,41 point à 6.069,82 points, dans un volume d'échanges de 510 millions d'euros.Londres était fermée, Francfort gagnait 0,20% et l'Eurostoxx 0,05%.

9 h 15: Que feront les socialistes s'ils gagnent les législatives? Cela apparaît un peu nébuleux si l'on se fie aux propos d'Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal, sur i-Télé: «La question qui est posée, c'est la part que la gauche occupera dans l'équilibre politique du pays pour les cinq années à venir. Je ne vois pas comment nous pouvons aujourd'hui défendre devant le pays l'idée d'une cohabitation. Nous avons suffisamment mesuré ce que cela voulait dire : irresponsabilité, illisibilité des politiques, confusion dans les choix à faire et notamment sur le plan européen et international.»

9 heures: «Nicolas Sarkozy s'est élevé, il a pris de la hauteur. Quand on est président de la République, je pense que l'on doit s'élever au-delà des contingences personnelles, déclare Patrick Devedjian, conseiller politique de Nicolas Sarkozy sur i-Télé. On a gagné un président, on a peut-être perdu un ami.» Snif... La présidence du conseil général des Hauts-de-Seine –il est favori pour succéder à son ex-pote à ce poste– suffira-t-elle à consoler ce grand sentimental de Devedjian.

Des défenseurs des droits de l'homme interpellent Sarkozy

Plusieurs mouvements de défense des droits de l'homme ont interpellé Nicolas Sarkozy, certaines faisant part de leur inquiétude de voir l'ancien ministre de l'Intérieur accéder au plus haut niveau de l'Etat.

Amnesty International France salue dans un communiqué les "propos très forts" tenus dimanche soir par le président élu selon lesquels "tous ceux qui croient aux valeurs de liberté, de démocratie et d'humanisme et qui sont persécutés par les tyrannies et les dictatures peuvent compter sur la France".

L'organisation déplore toutefois qu'il "n'ait pas précisé et développé ses convictions dans ce domaine à travers des engagements écrits malgré (de) nombreuses sollicitations en ce sens depuis le début mars".

Amnesty, qui regrette "la trop faible place" accordée aux droits humains dans la campagne électorale, dit son intention "d'interpeller à nouveau le futur président pour faire en sorte que les droits humains aient une place beaucoup plus importante dans l'agenda politique français et international au cours des prochains mois et des prochaines années".

La Ligue des droits de l'homme (LDH) appelle de son côté à la vigilance pour refuser "l'aggravation de la régression" des libertés et des droits sociaux.

"L'attente de la société, qui est forte, ne doit pas être déçue. Car ce n'est pas un homme seul, fût-il président de la République, qui peut décider de tout en démocratie", écrit-elle dans un communiqué.

En conséquence, la LDH "souhaite que les citoyens restent mobilisés", notamment lors des élections législatives, "pour refuser l'aggravation de la régression des libertés et des droits sociaux, de la précarisation, de l'exclusion et de la stigmatisation d'une part importante de la population résidant en France".
"RESISTANCE DEMOCRATIQUE"

Soulignant que l'électorat de Nicolas Sarkozy "compte notamment des voix de l'extrême droite", le Mrap appelle quant à lui à une "résistance démocratique".

"En ce jour sombre pour les valeurs de justice, d'égalité et de solidarité, le Mrap appelle à la poursuite de la résistance démocratique pour les droits de toutes et tous", déclare le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples dans un communiqué.
"Il n'est pas possible d'oublier que l'électorat de Nicolas Sarkozy compte notamment des voix de l'extrême droite et que le candidat a emprunté au Front national certaines de ses 'ruptures' programmatiques les plus intolérables, ce qui l'a conduit notamment à proposer 'un ministère de l'Immigration et de l'identité nationale' inspiré d'une autre époque", note-t-on.

L'organisation présidée par Mouloud Aounit appelle à "la poursuite de la résistance citoyenne et républicaine, contre une politique du tout sécuritaire" et "au renforcement de la résistance civique contre la chasse aux immigrés, les rafles de sans papiers, la criminalisation de la solidarité".
Attac voit dans l'élection de Nicolas Sarkozy "la victoire d'une droite dure et décomplexée qui a réussi à diffuser dans la population, y compris dans certaines couches populaires, les idées propres à satisfaire avant tout les milieux financiers et les groupes sociaux les plus fortunés, et aussi à intégrer dans son projet les principaux thèmes de l'extrême droite".

Dans un communiqué, l'organisation altermondialiste suggère "un examen approfondi des raisons pour lesquelles le néolibéralisme ne recule pas, mais se durcit, en dépit des résistances que lui opposent ceux qui refusent la dégradation des conditions d'emploi, les délocalisations, la disparition progressive des services publics, la baisse de la fiscalité sur les plus riches, la dégradation écologique, la pénétration des OGM dans les campagnes, etc".

"Restons unis" lance Ségolène Royal au lendemain de sa défaite


Au lendemain de sa défaite dans la course à l'Elysée, Ségolène Royal exhorte les socialistes à rester unis dans la perspective des prochaines échéances électorales.

"Il faut continuer, travailler, reprendre les choses et surtout il faut rester unis. Restez unis!", a déclaré l'ex-candidate socialiste à la présidentielle à son arrivée à son siège de campagne, boulevard Saint-Germain.

Interrogée sur son rôle à venir pendant la campagne des législatives, la présidente de la région Poitou-Charentes a répondu qu'il fallait "prendre le temps de faire l'évaluation des choses" tout en posant des jalons pour la suite.
"Moi, je suis heureuse d'avoir donné un message d'espoir parce que (...) je sais qu'il y a beaucoup de gens déçus et tristes, je ne veux pas qu'ils le soient. Je prends ma force intérieure pour continuer à leur communiquer de l'énergie", a-t-elle ajouté.
Elle s'est ensuite enfermée au troisième étage du "2 8 2", qui était le centre névralgique de sa campagne depuis le mois de janvier, avec ses proches collaborateurs, dont son codirecteur de campagne, Jean-Louis Bianco.

Après le déjeuner, l'équipe devait avoir une réunion de travail à quelques heures de la tenue d'un Bureau national du PS où l'ex-candidate a prévu de se rendre, au siège du parti, rue de Solférino, a-t-on appris dans son entourage.
L'emploi du temps de Ségolène Royal pour les jours à venir reste flou. Le PS doit tenir un Conseil national - le Parlement du parti - extraordinaire et elle a dit son intention d'organiser un "grand meeting du remerciement" sous dix jours, à La Courneuve, sans donner plus de détails.

«Quelque chose s'est levé...»

«Le suffrage universel a parlé. Je souhaite au prochain président de la République d'accomplir sa mission au service de tous les Français. Je remercie du fond du coeur les 13 à 17 millions d'électeurs [...] qui m'ont accordé leur confiance. Je mesure leur déception et leur peine. Mais je leur dis que quelque chose s'est levé, qui ne s'arrêtera pas. J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous. Je remercie tous les militants qui ont porté ce grand moment démocratique. Bien sûr, les militants socialistes mais aussi tous les autres militants de la gauche et de l'écologie [...]. Gardons intactes l'énergie et la joie de l'immense rassemblement populaire vibrant de ferveur qui m'ont accompagnée tout au long de cette campagne [...]. J'ai engagé un renouvellement profond de la vie politique, de ses méthodes et de la gauche. [...] Ce que nous avons commencé ensemble, nous allons le continuer ensemble. Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. [...] Je serai au rendez-vous de ce travail indispensable et j'assumerai la responsabilité qui m'incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l'idéal qui nous a rassemblés et nous rassemble et qui va, j'en suis sûre, nous rassembler demain pour d'autres victoires.»

dimanche 6 mai 2007

"Le Monde" prend parti pour Ségolène Royal

Dans son éditorial intitulé "Deux France" du numéro daté de vendredi du "Monde", Jean-Marie Colombani écrit:

"L'ascenseur social est en panne non seulement pour ceux qui sont au bas de l'échelle, mais pour une partie toujours croissante de cette classe moyenne. Malgré une lisibilité insuffisante, le projet de Ségolène Royal est tout entier centré sur cette problématique. Et c'est avec raison qu'elle fait de la refonte du dialogue social la clé du retour de la confiance.

La crise de la valeur travail, selon Ségolène Royal, n'est pas celle du désir individuel de travailler, mais celle de la capacité à travailler ensemble. Son dispositif tend tout entier à remettre en confiance les classes moyennes, à leur redonner une mobilité qui fait défaut, en même temps que la réassurance que donne, à celles-ci, des services publics puissants et modernisés.

Nicolas Sarkozy, au fond, a une vision plus "américaine", en ce sens que les dispositifs qu'il imagine (notamment fiscaux : le bouclier fiscal à 50 % n'est jamais qu'une façon d'éliminer de fait l'ISF) favorisent le haut de la pyramide sociale. Ses accents industrialistes, mais aussi protectionnistes, lui permettent, dans le même temps, d'être entendu des milieux ouvriers. Il défend donc le haut et le bas de la société, au nom d'une vision qui évoque le "conservatisme compassionnel" des conservateurs américains : il faut encourager les "riches" à investir, de façon à redonner du travail au plus grand nombre.

Ce qui gêne, chez M. Sarkozy, outre un renvoi classique à la vieille lutte des classes, c'est aussi une conception revancharde de l'histoire. Avoir centré sa campagne d'entre-deux-tours sur la dénonciation de l'héritage de Mai 68 est le signe clair d'une volonté de revanche idéologique. Ce qui embarrasse, c'est cette façon d'opposer les "travailleurs" aux "tricheurs", ceux qui se lèvent tôt aux paresseux, comme s'il lui fallait toujours être à la recherche d'un ennemi. Bref, une conception qui antagonise; et qui, à l'inverse, rend crédible la démarche de Mme Royal, laquelle refuse précisément cette dichotomie.

La qualité de la relation que Nicolas Sarkozy entretient avec Martin Bouygues, Arnaud Lagardère ou Serge Dassault est la marque d'une puissance potentielle dans les médias qui appelle une vigilance de tous les instants".

Les dix premières mesures de Ségolène Royal

Un Bas salaires et petites retraites En juin 2007, une «conférence sur la croissance, l'emploi et les salaires» réunira les partenaires sociaux pour étudier les modalités et l'agenda de la revalorisation du Smic (afin d'atteindre 1 500 euros mensuels «le plus tôt possible dans la législature» ), la revalorisation des bas salaires au-dessus du Smic, des petites retraites et de l'allocation adulte handicapé.

2 Violences faites aux femmes Le premier texte présenté au Parlement sera «une loi efficace contre les violences faites aux femmes» .

3 Emploi des jeunes Pour favoriser l'emploi des jeunes, seront créés, dès juin 2007, 500 000 «emplois tremplins» destinés aux jeunes restés sans emploi six mois après leur sortie de formation et un «contrat première chance», encore flou, destiné aux jeunes qui quittent le système scolaire sans qualification.

4 Aide aux PME Redéploiement des 65 milliards d'aides aux entreprises vers les PME «exportatrices et innovantes».

5 Education nationale Pour préparer la rentrée scolaire, «tous les emplois supprimés au budget [de l'Education nationale] de cette année» seront rétablis, ce qui implique le vote d'un collectif budgétaire et, donc, la convocation d'une session parlementaire extraordinaire après les élections législatives des 10 et 17 juin. Des états généraux des enseignants seront convoqués, «pour améliorer leurs conditions de travail dans l'école [...] et préparer un plan pluriannuel de recrutement» .

6 Allocation de rentrée L'allocation scolaire de rentrée sera doublée dès 2007.

7 Recherche Loi de programmation, dès le début de la législature, pour la recherche et l'enseignement supérieur.

8 Institutions Six mois après sa prise de fonction, Ségolène Royal a promis un référendum sur la réforme des institutions qu'elle entend mettre en oeuvre (suppression du 49.3, mandat parlementaire unique, introduction d'une dose de proportionnelle, droit de vote des étrangers non-ressortissants de l'UE aux élections locales, instauration d'une «démocratie participative» et d'une «démocratie territoriale» préfigurant de nouveaux transferts de compétence aux régions). Cette réforme sera préparée par un «comité constituant» mis en place dès juin.

9 Environnement Instauration d'un moratoire sur la culture des OGM en plein champ et soutien au développement des énergies renouvelables.

10 Gouvernement Ségolène Royal a promis un gouvernement resserré, avec une équipe gouvernementale réduite. Elle a également annoncé des mesures de restriction du train de vie de l'Etat assurant qu'il n'y aurait «plus de ministre logé, nourri, blanchi aux frais du contribuable dans les ministères».