jeudi 12 avril 2007

Communiqué de Ségolène Royal

Les propos du candidat de l’UMP concernant l’origine génétique de la pédophilie et du suicide des jeunes ont suscité l’indignation des scientifiques et des autorités morales. Les généticiens ont rappelé avec force que le gène n’induit pas les comportements et que la prédiction du social par le biologique avait, dans l’histoire de l’humanité, toujours conduit aux pires dérives.

Affirmer que le crime pédophile et le désespoir adolescent seraient inscrits dès la naissance dans le code génétique des individus est un non-sens scientifique. Ce déterminisme simpliste aboutit à considèrer que la famille, l’école, le milieu environnant, la société ne jouent aucun rôle puisque tout est écrit d’avance. A quoi bon l’éducation, à quoi bon la prévention si les individus n’ont pas d’histoire et aucune possibilité de s’améliorer ? Cette conception réduit la personne humaine à une pseudo-prédestination génétique. Elle anéantit par avance toute responsabilité individuelle et toute responsabilité collective.

Déjà, dans le cadre de la préparation de sa loi sur « la prévention de la délinquance », le Ministre de l’Intérieur s’était inspiré des rapports controversés remis en 2005 par l’INSERM puis par M. Benisti, député UMP, qui préconisaient une détection précoce (à trois ans !) de troubles du comportement censés conduire certains bambins sur le chemin des pires déviances.

A l’époque, de nombreux médecins – pédiatres, psychiatres, épidémiologistes… - avaient mis en garde contre les dangers de cette approche déterministe. En février dernier, le Comité national d’éthique a fermement condamné cette confusion entre prévention et prédiction.

Notre conception de la société est à l’inverse de cette brutalité qui assigne à chacun, dès la naissance, un destin tracé d’avance.

Nous croyons, nous, qu’aucune fatalité ne scelle irrémédiablement le sort d’un enfant ou d’un jeune. Nous croyons, nous, qu’on n’a pas le droit de réduire la souffrance psychique d’un adolescent tenté de se donner la mort à un désordre génétique qui dispense de l’entendre. Nous croyons, nous, que le crime pédophile doit être poursuivi sans faiblesse et l’enfant protégé de cette destruction. Mais l’efficacité, en ces domaines, suppose de ne pas confondre la biographie avec la biologie.

La défense des droits de l’enfant et la protection de la jeunesse contre les violences ont tout à perdre du retour des théories néo-conservatrices qui assignent chacun à la fatalité génétique.

C’est aussi cela l’enjeu de cette élection présidentielle où les Français ont à choisir entre deux visions de la jeunesse et deux projets de société.

Ségolène Royal

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